L'église de Saint-Père-en-Vallée

L'église Saint-Pierre était, jusqu'à la Révolution, l'église abbatiale du couvent voisin des bénédictins de Saint-Père-en-Vallée, d'où provient le nom actuel de Saint-Pierre. Devenue paroissiale en 1803 après le Concordat, elle a été classée monument historique en 1841.

L'abbaye

L'abbaye, dont il reste très peu de vestiges, avait été fondée au VIIe siècle grâce à l'aide de la reine Bathilde, épouse de Clovis II. Le monastère, construit en dehors des murailles, etait mal défendu. Aussi, fut-il saccagé à plusieurs reprises, par les Normands en 858, puis lors du sac de la ville par Rollon en 911. Les moines qui l'avaient déjà quitté en 888, furent remplacés par des chanoines.

La tour

Le monastère fût reconstruit au milieu du Xe siècle par l'évêque Aganon, qui la dota de moyens de défenses du côté ouest avec un donjon massif qui sert depuis de clocher à l'Eglise Saint-Pierre.

Cette tour carolingienne était dans le prolongement de la nef de l'église romane précédant l'actuelle nef gothique. On devait, à l'origine, y accéder par le rez-de-chaussée, et des ouvertures, bouchées par la suite, y avaient été pratiquées. Le projet de détruire cette tour pour agrandir la nef de l'église, au milieu du XIIIe siècle, fut abandonné.

Le couvent bénédictin

C'est sous le successeur d'Aganon que l'abbaye devint un couvent de l'ordre de Saint-Benoît. Ravagé par le feu en 1077, et à nouveau par l'incendie de la ville en 1134, ce monastère n'en fut pas moins doté généreusement, notamment par Ledgarde, cousine d'Hugues Capet et les ducs de Normandie. Il reçut aussi des chartes et privilèges de Louis VI et de Louis VII. Environ soixante églises de la région chartraine étaient sous la dépendance de cette abbaye et encore au XVIIe siècle, elle exerçait sa tutelle sur 24 prieurés et 80 cures du diocèse de Chartres. Mais le déclin de l'ordre de Saint-Benoît a entraîné avec lui celui de l'abbaye de Saint-Père-en-Vallée et on ne put guère l'enrayer malgré les moyens mis en oeuvre. Une nouvelle abbaye fut rebâtie avec des matériaux de l'ancienne au début du XVIIIe siècle, mais à la Révolution, il n'y restait presque plus de moines.

Le bâtiment actuel

Le bâtiment actuel, récemment restauré par l'Education nationale date du XVIIIe siècle et abrite aujourd'hui le lycée Marceau, après avoir servi de caserne, et dans la prison de la Renardière qui y attenait, le prince de Condé aurait été enfermé. Du cloître du Moyen-Age, il ne reste, au sud de l'église Saint-Pierre, que des colonnes du XIIIe siècle, avec leurs contreforts. Seules les charpentes de l'abbaye médiévale et deux salles superposées à gauche, et qui datent du XIIe siècle, ont été conservées. On peut aussi voir, au rez-de-chaussée, un pupitre en pierre.

L'église Saint-Hilaire

Au sud de l'église Saint-Pierre, se trouvait également l'église plus petite de Saint-Hilaire, construite à la même époque que l'abbaye médiévale, mais détruite à la Révolution.

L'église Saint-Pierre

L'église Saint-Pierre a été construite sans fondations, reposant ainsi sur sa voûte, ce qui a valu l'admiration de Vauban. Une église romane du XIe siècle a dû donc précéder celle-ci qui est un chef-d'oeuvre du gothique de la fin du règne de Saint-Louis.

Détruite par un incendie en 1134, l'église a été reconstruite à partir de 1165 grâce aux fonds d'une collecte qui fut organisée lors de la découverte du corps de Saint-Gilduin, évêque breton, mort à Chartres en 1077 et inhumé dans cette église. Cette collecte a aussi permis la construction des tours de la cathédrale et de son portail royal.

A l'extérieur

On entre dans l'église par un portail du XIIe siècle. On peut voir à l'extérieur également des chapiteaux et un archivolte à rinceaux, des arc-boutants à deux niveaux, une rose circulaire et octogonale et une tourelle ronde, portant un escalier qui monte jusqu'au toit. Il y a aussi un balcon en fer forgé et un cadran solaire du XVIIIe siècle.

A l'intérieur

l'église est très lumineuse, grâce à son triforium ajouré et ses nombreux vitraux qui datent de la fin du XIIIe siècle.

Les vitraux

Les plus anciens, à l'étage supérieur, remontent à 1265, mais on a utilisé parfois le même carton pour figurer deux ou même trois personnages, avec des couleurs différentes. Sur le vitrail inférieur de la fenêtre axiale, on peut voir une Vierge à l'Enfant et une Crucifixion, et, au-dessous, Saint Gilduin et Saint Louis, dont c'est l'une des premières représentations avec une auréole de saint (il a été béatifié en 1297). De part et d'autre de la fenêtre axiale, on reconnaît Saint Pierre et Saint Paul. Les vitraux du chevet et de la nef, qui remontent au début du XIVe siècle, sont tantôt historiés, tantôt clairs. Ceux du triforium, datés du XVIe siècle, proviennent sans doute de l'église Saint-Hilaire et sont l'oeuvre de l'atelier Pinaigrier, de Tours.

Tous les vitraux du chevet sont en couleurs : les plus anciens, ceux des parties latérales du choeur, représentent des prophètes bibliques surperposés sur deux niveaux, ainsi que des sibylles. Sur les fenêtres de la deuxième et de la quatrième travées, on peut suivre, de droite à gauche et de haut en bas, respectivement, les vies de Saint Jean-Baptiste et de Saint Pierre. Les vitraux supérieurs de la nef représentent la Passion et la Rédemption. En parcourant la nef en direction du choeur, on peut voir les vitraux consacrés à Saint Benoît, Saint Maur, à deux saints locaux, Saint Avit et Saint Laumer, deux saintes martyres, Sainte Agnès et Sainte Catherine, puis viennent Saint Martin, Saint Denis, Saint Clément et enfin, au bout de la nef, la vie de la Vierge.

La nef

La nef et les bas-côtés ont été construits au début du XIIIe siècle. Les arcs-boutants y sont appuyés sur des colonnes. Les corniches, contreforts et fenêtres, surmontées d'arcs sculptés, rappellent ceux de la cathédrale. La partie supérieure de la nef est du milieu du XIIIe siècle et présente des double-fenêtres portant, au-dessus, une partie ronde. Une représentation de Saint Christophe sur un couvercle de sarcophage, au bas de la nef, date également du XIIIe siècle.

Le choeur

Le choeur, au-dessous duquel est enterré Saint Gilduin, domine la nef de deux mètres. Il est du milieu du XIIIe siècle, mais sa partie basse date d'un siècle plus tôt, avec ses chapiteaux de style anglo-normand. Les arc-boutants sont appuyés sur des consoles. Les pilastres qui supportaient une ancienne tour, sont même antérieurs à 1077. Les parties supérieures du choeur remontaient à la reconstruction de 1151, mais n'ont pas été conservées. Le chevet étonne par sa légèreté grâce aux minces contreforts. Les stalles du choeur datent du XVIIIe siècle, et le siège curial porte un dossier peint qui représente Moïse avec les tables de la Loi. Mais le maître-autel, les stalles, le jubé et le grand orgue ont beaucoup souffert des destructions de la Révolution.

Les trois chapelles de l'abside

L'abside, du milieu du XIIe siècle, est en demi-cercle, comme dans les églises romanes, ce qui en fait un exemple de transition du roman au gothique. Elle comporte trois chapelles, dont celle de la Vierge, qui devait recevoir une voûte d'ogives, si on en juge par les socles des colonnes placées en diagonale. On peut y voir le tombeau du chanoine Simon de Bérou, mort en 1301, et, au-dessus de l'autel, une Vierge à l'Enfant du XVIIIe siècle, en marbre de Carare, due à Bridan, le sculpteur du groupe de l'Assomption, qu'on admire dans le choeur de la cathédrale.

Les deux autres chapelles de l'abside sont du XIIe siècle, mais ont été rehaussées: l'une est fermée par une belle grille du XIXe siècle, tandis que l'absidiole de la chapelle Sainte Soline forme un bras du transept. Cette chapelle porte le nom d'une sainte du IIIe siècle, venue d'Aquitaine, et martyrisée à Chartres. Ses reliques, emportées par les moines à Auxerre, revinrent à Chartres au mlieu du Xe siècle et servaient à implorer la pluie. La statue de Saint Pierre, en bois peint et en bronze, à l'entrée, date du XIXe siècle, et à l'intérieur, se trouve une statue de Saint Gilduin et un buste de l'évêque Fulbert, mort en 1028, et qui aurait été enterré près de l'autel (ces deux oeuvres sont récentes, respectivement de 1948 et 1960).

A côté, se trouve la chapelle du Sacré-Coeur, dont les bas-reliefs proviennent de l'ancien jubé, qui a disparu à la Révolution. Il y a là également une Piétà en albâtre, datant du XVIe siècle. Dans la chapelle voisine Sainte-Anne, on peut voir une statue de la Vierge et une peinture représentant une Nativité.

Le déambulatoire

Le déambulatoire a été construit au milieu du XIIe siècle. Sur sa voûte, a été bâtie au XIVe siècle, une tour cylindrique.

Les chapelles extérieures à l'église

Plusieurs bâtisses entourent l'église, dont l'une daterait du milieu du XIIe siècle, tandis qu'une autre, de forme carrée, est postérieure à 1660. A droite du choeur, au nord, il subsiste une partie de l'abside et deux colonnes de la chapelle Saint-Etienne, dite chapelle Saint-Gilduin jusqu'au XVIIe siècle, qui jouxtait l'église romane et qui fut fermée en 1666. Ce sont là les seuls vestiges de cette chapelle, qui, tout comme celles consacrées à Saint-Marc et à Saint-Benoît, et construites de chaque côté de l'abside au XVIIe siècle, furent détruites vers 1804.

Musique : Fugues de Georg Friedrich Händel

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